Deuil, ET SI NOUS ÉTIONS LIBRES D’ENTERRER
NOS PROCHES COMME NOUS VOULIONS ?
Deuil : une Montagne Russe Émotionnelle
Perdre un être cher, c’est comme se retrouver au cœur d’une tempête émotionnelle.
La tristesse, la colère, le déni, et finalement l’acceptation, forment un tourbillon qui peut sembler interminable.
La gestion du deuil traverse l’acceptation de ces émotions, sans jugement.
Se donner la permission de ressentir est la première étape vers la guérison, cependant ce peut être parfois bien difficile lorsque les injonctions de nos proches viennent se mêler à la fête.
« Ta mère n’aimerait pas te voir ainsi… »
« C’est surtout pour ton père que ce doit être dur…»
Ces phrases, bien qu’intentionnées, peuvent faire plus de mal que de bien.
Je me souviens des jours où, après le décès de ma maman, je voulais simplement m’enfermer dans ma bulle et pouvoir enfin pleurer en paix.
Mais, les attentes et les remarques des autres ajoutaient une couche de pression supplémentaire.
Il m’a fallu du temps pour comprendre que mes émotions étaient légitimes et que bien que mes relations avec ma mère avaient longtemps été compliquées, je n’avais pas à les justifier.
Le Regard de l’Autre :
Entre Soutien et Jugement
Le regard des autres peut-être autant un soutien qu’un fardeau. Entre les attentes sociales et les jugements silencieux, il est parfois difficile de trouver son propre chemin.
Pourtant, c’est essentiel. La bienveillance envers soi-même est cruciale.
Chaque chemin de deuil est unique et personnel. La résilience, c’est aussi apprendre à poser des limites claires avec les autres pour protéger son espace émotionnel.
Quand j’ai perdu ma maman, beaucoup de personnes ont voulu me dire comment je devais gérer ma peine.
« Tu dois être forte pour ton fils »
« Ne montre pas ta tristesse en public »
Mais, j’ai vite compris que personne ne vit le deuil de la même façon. Et bien que cela m’ait longtemps affecté, j’ai appris à ignorer ces conseils non sollicités et à suivre mon propre chemin.
Deuil : Les Normes et Conventions
Il est fascinant de voir à quel point les conventions sociales peuvent influencer notre manière de vivre le deuil, y compris des aspects aussi personnels que les tenues d’enterrement.
Avec mon père, nous avions décidé de rendre hommage à ma mère à travers des vêtements qui avaient une symbolique particulière pour chacun de nous. Ma mère adorait les couleurs vives et je n’avais pas envie de l’enterrer en noir, alors nous avons choisi de porter des habits qui lui auraient fait plaisir.
Je me souviens d’avoir été particulièrement surprise par la réflexion d’une proche de la famille de mon conjoint après l’enterrement de ma mère : « … évidemment, on n’a pas compris pourquoi toi et ton père étiez habillés ainsi… »
Le jour de l’enterrement, au lieu de recevoir des mots de réconfort, nous avons été jugés sur nos choix vestimentaires.
C’est là que j’ai réalisé à quel point le regard des autres peut-être simultanément un soutien et un fardeau.
Comment pouvaient-ils avoir de telles pensées dans de tels moments ?
Les attentes sociales et les jugements silencieux peuvent compliquer la recherche de son propre chemin. Pourtant, c’est essentiel. La bienveillance envers soi-même est cruciale. N’oublions pas que chaque chemin de deuil est unique et personnel. En choisissant de porter ces tenues, nous avons honoré notre relation avec ma mère de la manière la plus authentique possible, même si cela allait à l’encontre des conventions.
La Liberté d’Enterrer Nos Proches :
Un Hommage Personnalisé
Imaginez un monde dans lequel nous pourrions dire adieu à nos proches sans être contraints par des traditions qui ne résonnent pas avec nous. Un monde dans lequel l’on pourrait choisir des cérémonies qui reflètent véritablement la vie et la personnalité du défunt.
Pourquoi ne pas organiser une célébration en plein air, avec des musiques et des lectures qui ont du sens ?
Ou encore, un rassemblement intime, entouré de nature, pour un dernier au revoir plein de sérénité.
Pour ma part, j’ai aimé m’offrir la liberté – le courage oui ! – de chanter devant la tombe de ma mère, encore ouverte, une chanson qui nous tenait à cœur à toutes les deux.
Cela a été un hommage parfait pour ma maman qui appréciait tant cette chanteuse.
J’ai assisté à plusieurs enterrements de parents de proches qui étaient froids, formels et impersonnels. C’était terrible, je trouve, d’enterrer un être cher en parlant plus de Jésus que de la personne elle-même ou de la vie qu’elle avait pu avoir.
C’est pourquoi je rêve d’un monde dans lequel chacun pourrait choisir la manière d’honorer ses proches, en toute liberté.
Deuil : les Rituels Personnalisés
Les rituels ont une place importante dans le processus de deuil. Ils offrent un cadre pour exprimer notre chagrin et honorer la mémoire de nos proches. Créer des rituels personnalisés peut apporter un immense réconfort.
Planter un arbre en leur mémoire, organiser une journée spéciale chaque année pour se souvenir, ou même un simple geste quotidien en leur honneur peuvent être des sources de réconfort profond.
J’ai trouvé une grande paix en plantant un arbre en mémoire de ma maman.
Chaque fois que je le vois grandir, je me sens connectée à elle.
Ce petit rituel m’aide à garder sa mémoire vivante et à trouver du réconfort dans les moments de tristesse.
La spiritualité et la mort :
un lien au-delà du visible
La mort est souvent perçue comme une séparation définitive, mais la spiritualité nous offre une perspective différente. Elle nous permet de voir au-delà du tangible, de croire en des signes et des présences qui transcendent le quotidien. Personnellement, chaque fois que je vois un papillon, c’est comme si ma mère venait me rendre visite, m’offrant un clin d’œil bienveillant depuis l’autre côté. Ces moments apportent une paix profonde et un sentiment de connexion continue.
Mon fils, quant à lui, trouve du réconfort en découvrant des plumes blanches. Dès qu’il en voit une, il est persuadé que sa grand-mère veille sur lui.
Ces petits signes, ces symboles que nous choisissons d’associer à nos êtres chers disparus, deviennent des ponts entre les mondes. Ils nous rappellent que l’amour et les liens familiaux dépassent les frontières de la vie et de la mort.
La spiritualité, dans le contexte du deuil, est une source de réconfort immense. Elle nous permet de donner un sens à la perte et de trouver des moyens de rester connectés avec ceux que nous avons aimés. En acceptant ces signes et en les intégrant dans notre quotidien, nous transformons notre douleur en un hommage continu, une célébration silencieuse de leur présence éternelle dans nos vies.
Le deuil, bien qu’inévitable, ne doit pas être une prison de conventions. En embrassant nos émotions, en faisant fi du regard des autres et en créant des hommages authentiques, nous pouvons trouver une certaine liberté dans cette période difficile. Si, au lieu de suivre les sentiers battus, nous osions tracer notre propre chemin de deuil, en accord avec notre cœur et notre âme ?
Se donner cette liberté, c’est peut-être le plus bel hommage que nous puissions rendre à ceux qui nous ont quittés.
